Ralph Cianciarulo d’Archer's Choice

Mise en contexte :

Je suis assis bien à l’aise dans mon sofa en regardant mon nouveau poste de télévision de chasse qui nous présente une multitude d’émissions de chasse et pêche en continu. Je suis là, à regarder les épisodes du couple de chasseurs américains no 1 dans le domaine, à me dire que c’est gens sont incroyables et combien chanceux de faire ce qu’ils font. Je regarde un épisode où le couple no 1 nous amène au Manitoba, à la chasse à l’ours noir et où ils récoltent de beaux spécimens dans des scénarios très originaux.

Fin de la tranche de vie.

Plusieurs mois plus tard, j’ai un bon ami qui m’appelle et me demande de venir filmer avec lui et ses clients dans une pourvoirie de chasse à l’ours au fin fond de la Saskatchewan.  Étant toujours prêt pour ce genre d’expérience, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté de me rendre dans cette contrée lointaine pour assister à ce voyage de rêve.  En plus de vivre un voyage exceptionnel, j’étais, sans me douter, convié à un voyage unique en son genre où j’aurais la chance de vivre un voyage où l’ours noir serait abondant, où le plaisir serait au premier niveau et en plus où on aurait la chance de vivre cette expérience avec la présence de deux légendes américaines de la chasse soit Colorado Buck et Ralph Cianciarulo de l’équipe légendaire Ralph and Vicky d’Archer’s Choice.

J’avoue avoir été un peu groupie. Les personnes qui me connaissent personnellement vont rire un peu, car ce n’est vraiment pas mon genre d’agir de cette manière, mais sérieusement ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance d’être dans le même camp de chasse que Ralph et Colorado Buck. J’ai donc repris sur moi-même et attendu le bon moment pour demander une petite interview avec Ralph pour mes chers lecteurs du blogue Chassomaniak, ce qu’il a accepté avec joie ! Voici donc ce que le légendaire Ralph Cianciarulo avait de bon à dire aux lecteurs de magazine 3D-Chasse-Peche.com.

Mat : Bonjour Ralph, c’est un honneur pour moi de faire cette petite entrevue avec vous. Merci d’avoir accepté. Tout d’abord, on vous voit partout à la télévision dans plusieurs émissions et avec beaucoup de compagnies, avant que vous vous rendiez au sommet comme aujourd’hui, comment commence l’aventure pour Ralph dans la chasse ?

Ralph : Mon histoire commence comme celle de tous les passionnés de ce sport. J’ai commencé par travailler dans une petite boutique d’archerie, car j’aimais vraiment la chasse à l’arc et je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai donc travaillé longtemps de ce petit magasin qui a grossi tranquillement. Puis, plus le magasin grossissait, plus je m’investissais dans la chasse à l’arc en commençant à faire des tournages pour le plaisir, puis plus le temps avançait, plus nous travaillions sérieusement. Ensuite, un bon moment donné, certains commanditaires ont vu nos trucs et ils aimaient ça. Ils nous ont donc demandé de faire de la télévision et c’est comme ça que de fil en aiguille je me suis ramassé où je suis à présent. J’ai suivi l’évolution des technologies tout en pratiquant le sport que j’aime le plus au monde. Tu sais, le monde pense que vivre de la chasse comme on fait c'est facile et qu’on arrive au top rapidement. Moi j'ai commencé à filmer dans le début des années 80. Ça fait un sacré bout de temps et je n’ai jamais abandonné, c’est comme ça qu’on réussit à vivre de ce qu’on aime.

Mat : Wow, ça fait un sacré bout de temps que vous faites des vidéos, c’est vraiment hot ! Parlant de vidéo, vous avez pratiquement fait le tour du monde pour chasser tous les genres de gibiers possibles. Chaque année, vous allez faire un tour au Yukon et en Alaska, vous faites l’Amérique d’un bord à l’autre, du sud au nord et de l’est à l’ouest. Est-ce qu’après toutes ces aventures vous êtes capable de me dire votre plus belle expérience de chasse ?

Ralph : Ahhh, la bonne vieille question qui revient toujours ! Tu sais quoi, j’ai fait des trucs vraiment exceptionnels qui sont vraiment malades. Tu sais, j'ai la chance de réaliser mes rêves les plus fous de semaine en semaine et je sais que beaucoup de gens tueraient pour être à ma place. Chaque jour, je remercie Dieu pour la chance que j'ai de faire ce que je fais et pour tous mes trips de chasse qui sont ce que j’aime le plus au monde. J’ai la chance de faire des destinations de rêve chaque année et c’est vraiment une chance que j'ai de pouvoir faire ça comme boulot. Mais pour être franc, les plus beaux voyages que je fais sont ceux que je réalise avec ma famille. Tu sais mon petit gars a commencé à chasser l’année passée et sérieusement, mes plus beaux voyages que je fais sont ceux que nous sommes tous réunis en famille. Il n’y a pas de plus merveilleux feeling que d’être entouré des gens que tu aimes entrain de pratiquer la chasse.

Mat : Très intéressant, très bonne réponse. Maintenant, vous avez chassé pratiquement toutes les espèces dans le monde, quel est votre gibier préféré ? Si vous aviez à en choisir qu’un seul lequel garderiez-vous ?

Ralph : Tu sais c'est vraiment difficile de répondre à cette question. Quand je suis à la chasse à l’orignal au Yukon, je serais tenté de te dire l’orignal au Yukon. Quand je suis dans mon stand à chasser le chevreuil, même si je chasse le chevreuil depuis très longtemps, je te dirais la chasse au chevreuil. Et quand je suis dans un camp de chasse entouré de gens super et qu’on chasse l’ours dans n’importe quelle province du Canada, je suis tenté de te dire que ma chasse préférée est la chasse à l’ours. Tu sais, je ne suis pas capable de te dire quel est mon animal préféré, j’aime la chasse aux gros gibiers et je les aime tous égaux. C’est impossible pour moi de dire quelle est ma favorite, je les aime toutes.

Mat : Je comprends, ce n’est pas facile à dire quelle est notre chasse préférée. Dans un autre sens, quelle est la chasse que vous aimeriez réaliser plus que tout. Vous avez été dans des coins vraiment extraordinaires, qu’est-ce qu’il vous reste à voir ou à faire comme rêve ?

Ralph : C’est vrai, j’ai réalisé beaucoup de chasses exceptionnelles, mais l’une d'elles est sans aucun doute la chasse à l’ours polaire. J’ai presque réalisé ce rêve, j’avais un pourvoyeur qui m’avait invité, j’avais le tag et tout ce que ça prenait, mais il y avait l’embargo qui a été levé contre cette espèce. Je suis venu à deux poils de réaliser mon rêve, mais ce n’est que partie remise. Je sais qu’un bon jour je vais le faire, ce n'est qu’une question de temps. Mais sinon, je vais faire la chasse au Marco Polo en octobre au Kirghizistan, ce qui va être toute une expérience, j'ai vraiment hâte. Sinon, sérieusement j'aime bien aller dans le nord du Québec, chez vous pour chasser le caribou, c'est une chasse très spéciale que j’aime vraiment. C’est une destination de rêve et vous êtes chanceux de pouvoir avoir ce genre de ressources. Sinon, la chasse à l’orignal au Yukon est toujours une chasse un rêve à chaque année.

Mat : Qu’est-ce que vous pensez de l’état du marché actuel de la chasse et de la pêche ? Comment voyez-vous cette industrie selon votre expérience de vie dans le domaine ?

Ralph : Premièrement, je trouve qu’il y a beaucoup trop d’émissions de télévision. Tu sais quand j’ai commencé, il n’y avait pas grand-chose, le terrain était vierge et nous avancions dans un terrain inconnu. Maintenant, il y a tellement de gens qui essayent de faire ce qu’on fait. C’est bien correct, parce que la chasse c’est vraiment un beau domaine, mais je crois sincèrement qu’il y a trop de gens qui font ce métier pour les mauvaises raisons. Tu sais, mon histoire c'est une évolution dans le domaine, j'ai commencé à travailler dans une boutique d’archerie, parce que j’aimais vraiment ça. Si on regarde aux États-Unis, il y a quoi 4 ou 5 chaînes spécialisées dans la chasse et pêche, comparativement au golf qui a juste un poste. Tu sais avec autant de joueurs, la seule chose que ça produit comme effet c'est que les gens se lassent plus rapidement et que les joueurs doivent se séparer, à plus de monde, les pointes de tartes, ce qui en résulte, qu’il y a moins d’argent pour tout le monde et que la qualité n'est pas toujours au rendez-vous. C’est dommage, parce que beaucoup trop de gens font ce métier pour l’argent ou la célébrité et en oublient le sens réel des choses. Prends exemple des émissions qui amènent des gens handicapés à la chasse ou des ex-militaires ou héros de guerre. C’est vraiment un beau geste de faire ce genre de truc, mais la réalité est que certaines personnes le font juste pour la caméra et ils n’ont rien à cirer des amputés ou d’anciens combattants et ça c’est pathétique à mes yeux. Si tu fais une action, il faut que tu la fasses pour les vraies raisons, pas juste pour te donner du style et montrer devant la caméra que tu as un grand cœur et qu’après que le film soit fini, tu te fou des gens que tu prétends aider. Ce genre d’action me rend malade. Si tu veux aider les gens, fais-le pour vrai, dans la vraie vie et laisses faire la caméra !

Mat : Tu as bien raison, j’aime vraiment de la façon que vous pensez. C’est vrai qu’il y en a beaucoup qui se donne un style, qu’ils sont là que pour l’argent ou la gloire et ça tue le marché. J’aime bien ce que vous me dites. En terminant Ralph, un peu dans la même voie, vous savez, j’ai grandi avec ma famille à chasser et pêcher presque comme un style de vie. L’histoire de la chasse chez nous, c’est très familial et ça représente beaucoup de choses pour moi. J’aimerais que vous me donniez un conseil pour le futur, vous savez j’adore ce que je fais et je veux continuer à le faire pour longtemps. Alors, donnez-moi un conseil pour que je puisse gravir les échelons dans le domaine.

Ralph : Et bien Matty, si tu veux aller loin dans le domaine de la chasse, si tu veux en faire ta vie, ton travail il faut que tu le fasses pour les bonnes raisons. Garde toujours à l’esprit que la vie c'est une évolution et qu’il faut que tu fasses les choses parce que tu les aimes et non pour ce que ça peut apporter. Prends en exemple la chasse, il faut que tu pratiques ce sport avec amour et surtout avec respect. Tu dois respecter les animaux et chasser de manière à causer le moins de souffrance possible. Tu dois respecter l’environnement dans lequel tu te trouves et en être le protecteur. Tu dois savoir faire les choses par amour et non pour ce que ça peut donner. La chasse et la pêche sont un style de vie qu’on choisit, ça n’a rien à voir avec l’argent ou la célébrité. Si tu choisis ces domaines pour devenir riche et célèbre tu vas te perdre en cours de route et tu n’atteindras jamais tes buts. Mais si tu gardes à l’esprit que tu le fais parce tu aimes ça et que tu respectes l’environnement dans lequel tu interagis, tu vas aller loin.

Mat : Wow ! Merci Ralph, je suis bien content d'entendre ce que vous me dites et je suis certain que mes lecteurs seront heureux de lire ces phrases. Merci beaucoup d’avoir pris un peu de temps pour moi et je vous souhaite un bon succès pour vos prochains trips de chasse. Merci.

Ralph : Ça me fait vraiment plaisir et n’oublie pas ce que je t’ai dit, fait les choses pour les bonnes raisons et non pour ce qui peut en découler. Merci et au plaisir de se revoir.


Sortir un orignal abattu dans une coulée

Abattre un orignal représente un défi et demande généralement des efforts au chasseur pour atteindre son but. Une fois que le gibier « est à terre », le plaisir de la chasse laisse la place au « vrai travail » : celui d’éviscérer l’animal et de le ramener à bon port. Cette dernière tâche peut s’avérer très pénible lorsqu’il faut remonter notre récolte du fond d’une « coulée » située entre deux montagnes. Le présent article explique comment utiliser une méthode efficace, facile et sécuritaire pour effectuer cette tâche.

Ce n’est pas tout le monde qui peut fournir plusieurs centaines de dollars pour acheter un treuil mécanique portatif monté sur scie mécanique par exemple, pour déplacer aisément le gibier qui gît au sol. D’ailleurs, dans notre groupe de chasseurs nous ne disposons pas de cet équipement. Dans notre équipe, nous « sortons » nos orignaux de la forêt avec des véhicules tout terrain (VTT). Cependant, transporter un orignal dans une pente escarpée avec un ou plusieurs VTT peut s’avérer une tâche extrêmement difficile, parfois même dangereuse, puisque les roues du VTT creusent généralement dans la terre noire. Sans oublier que le devant du véhicule se soulève du sol en raison de la charge qu’il tire dans la pente, risquant ainsi de basculer et de blesser le conducteur.

Notre groupe utilise toute la puissance des VTT de manière à ce que les roues des véhicules ne creusent pas dans le sol et aussi de façon à ce que les VTT ne cherchent pas à basculer. Cette méthode nous a été salutaire pour « remonter » un orignal de 62 pouces et quart de panache dans un flanc très escarpé de montagne. Puis, l’année dernière nous avons réutilisé le même stratagème pour braver une autre pente afin de transporter un orignal de 50 pouces de panache qui avait été abattu dans une « coulée ».

Cette technique est accessible pour plusieurs groupes de chasseurs puisque tous possèdent à peu près un ou plusieurs VTT. Pour utiliser la technique, il faut : 2 VTT, une scie mécanique, deux poulies, un câble de ¾ ou 1’’ de diamètre x 50 à 100 pieds de longueur, 2 cordes d’un ¼ de pouces de diamètre x 20 pieds de longueur et une paire de gants.

Le groupe de travail doit être composé d’au moins 4 personnes : celui dans le haut de la pente que nous appellerons le 1er homme, celui dans le bas de la pente que nous appellerons le 2e homme et les 2 conducteurs de VTT.

Pour la première étape, le groupe utilise la scie mécanique pour dégager un sentier de 5 pieds de large dans la pente menant à l’orignal. Avant de débuter, il est préférable de cibler un passage avec le moins d’arbres possible par respect pour la nature et pour sauver du temps et de l’énergie.

Ensuite, la seconde étape consiste à attacher solidement la tête de l’orignal, soit par le cou ou par le panache, avec le câble de 1 pouce de diamètre. Par après, il est essentiel de faire une « loupe » avec le câble autour du museau de la bête. Cette « loupe » a pour but de s’assurer que le museau se soulève du sol au moment où le câble va se tendre, évitant ainsi que la mâchoire du cervidé ne s’enfonce dans le sol.

Pour la troisième étape, il faut que le 1er homme prenne le câble et le déroule sur toute sa longueur en remontant le sentier. Puis, il revient sur ses pas avec le câble jusqu’à ce qu’il identifie un arbre solide qui lui permettra d’attacher la première poulie. Au moment de choisir l’arbre, le 1er homme doit figurer qu’il devra disposer d’un minimum de 10 pieds de bout de câble une fois qu’il sera introduit dans la poulie.

La quatrième étape consiste à installer la 1re poulie sur cet arbre à environ 3 pieds de hauteur. Le 1er homme attache la poulie au moyen d’une corde d’un ¼ de pouces de diamètre en effectuant plusieurs fois le tour de l’arbre avec la corde. Puis, l’homme insère le bout du câble dans la poulie et redescend avec l’extrémité jusqu’à ce que le câble soit tendu.

La trajectoire du câble tendu permet au 2e homme, situé au bas de la pente, d’identifier l’arbre où attacher la seconde poulie. L’homme choisit un arbre qui permet à la poulie de servir de guide, c’est-à-dire qu’elle doit permettre de diriger la bête dans son ascension pour s’assurer qu’elle suive le sentier et évite les obstacles. Le 2e homme attache solidement la poulie sur l’arbre à 5-6 pieds de hauteur avec le dernier bout de corde. Cette seconde poulie permettra aussi à la tête de l’orignal de se soulever durant la montée pour faciliter son ascension.

C’est à cette étape que les VTT entrent en jeu. Le premier conducteur descend la pente avec le VTT et s’arrêtera à 6-7 pieds plus loin que le bout du câble. Tandis que l’autre chauffeur descendra le second VTT et s’arrêtera à 6-7 pieds avant la fin du câble. Les deux véhicules sont maintenant stationnés et orientés vers le bas de la pente à une distance d’une douzaine de pieds l’un de l’autre. Les conducteurs doivent toujours demeurer aux commandes de leur véhicule pour s’assurer que les freins et l’embrayage soient bien actionnés. Le second VTT doit être muni d’un treuil et le câble d’acier et son crochet doivent être solidement fixés sur l’attache-remorque (ou ailleurs) du premier VTT. Les deux véhicules sont maintenant reliés. Le rôle des conducteurs sera de descendre les VTT tranquillement vers le bas de la pente une fois que toutes les étapes seront finalisées.

Ensuite, le 1er homme, situé dans le haut, prend l’extrémité du câble et fait 2 « loupes » autour de l’attache-remorque du second VTT. Cet homme conserve l’extrémité du câble dans ses mains qu’il aura pris soin de protéger avec des gants. Son travail consiste à tendre l’extrémité du câble pour que les « loupes » restent solidement ancrées sur l’attache-remorque. Il est inutile de faire des nœuds pour éviter de devoir les défaire et les refaire tout au long de la montée de la bête.

Une fois le câble attaché au VTT, le 1er homme qui tient l’extrémité du câble sur l’attache-remorque indique qu’il est prêt. Puis, lorsque le 2e homme, situé dans le bas de la pente, est prêt, il indique aux 2 chauffeurs d’amorcer la descente avec leur VTT dans le sentier. Les VTT tireront ainsi le câble, ce qui permettra à l’orignal d’effectuer son ascension sans aucune difficulté. Pour notre part, les VTT ne forcent aucunement puisqu’ils descendent la pente au lieu de la monter. En fait, c’est comme s’ils tiraient une plume et par conséquent, ils ne s’enlisent aucunement dans la terre noire et ne cherchent pas à basculer vers l’arrière.

Finalement, le 2e homme devra indiquer aux conducteurs de s’arrêter peu avant que l’orignal atteigne la seconde poulie durant sa montée. La seconde poulie devra être ensuite déplacée sur un arbre plus haut si c’est encore nécessaire.

Il faut que tous les membres de l’équipe fassent preuve de patience. Il peut arriver qu’il faille déplacer fréquemment les poulies et les VTT pour recommencer le stratagème, surtout dans le cas d’une pente très longue et dépendamment de la végétation et des obstacles en présence. À titre d’exemple, les VTT doivent « se reprendre » plus haut pour éviter de piétiner l’orignal qui est maintenant rendu à leurs roues. Le but est de déplacer tout « l’attirail » au fur et à mesure que la progression de l’orignal se fera vers le sommet de la pente.

Par ailleurs, l’élément le plus essentiel est sans aucun doute d’avoir une excellente communication au sein de l’équipe puisque le travail et la sécurité de l’un dépend du travail de l’autre. Il est important de crier à l’autre très fort pour se faire entendre en raison du bruit des VTT. Par exemple, si la première poulie doit être déplacée, les conducteurs doivent être avisés pour savoir où se repositionner et le 2e homme doit aussi être avisé pour déplacer la seconde poulie. L’utilisation de ¨radios-émetteurs¨ portatives peut s’avérer un avantage.

Il est également important, pour la sécurité de tous, d’envisager la trajectoire du câble si l’une des poulies devait malencontreusement lâcher. Donc, les membres de l’équipe devraient toujours se retrouver à l’extérieur de cette trajectoire fictive. La méthode est sécuritaire, mais nous ne sommes jamais trop prudents.

Cette méthode minimise l’effort physique et permet aux VTT de travailler aisément et en toute sécurité. C’est une méthode simple et efficace qui réduit l’effort physique pour déplacer le gibier et offre ainsi le plaisir de savourer davantage sa récolte. De plus, la technique permet maintenant aux membres de notre groupe de chasser davantage dans des endroits au relief plus escarpés. Pour notre groupe, cette méthode nous a permis de conserver d’excellents souvenirs : ceux d’avoir réussi à travailler en équipe pour sortir deux orignaux trophées abattus dans une « coulée ».


Colorado Buck

Vous savez, depuis maintenant plus de sept ans et des poussières, nous parcourons le Québec à la recherche de reportages originaux pour faire rêver nos lecteurs. Je sais pertinemment que ce n’est pas la première fois que je débute un article avec ce genre d’introduction. La raison est fort simple, nous sommes une équipe jeune qui n’a pas la prétention d’avoir tout vu et tout connu. Nous aimons découvrir et surtout partager la joie que nous procure «  la première fois ». Nous vous transmettons le savoir et l’expérience des professionnels, de guides, des pourvoyeurs et des passionnés qui croisent notre chemin pour ainsi forger notre apprentissage et partager avec vous tous les trucs et conseils que nous captons durant notre parcours. Avec tous les gens fabuleux que j’ai eu la chance de rencontrer, je suis heureux de vous apprendre que j’ai découvert que je ne connaissais rien tellement il y a de choses à découvrir. C’est dans cette même ligne d’idée, que j’ai la joie de partager avec vous une expérience extraordinaire qui m’est arrivée dernièrement. J’ai eu la chance d’être invité par Armando Vendittozzi de Armando’s Outdoor Expeditions, à prendre part, en tant que caméraman, pour faire un film de chasse à la sauvagine avec une légende vivante du monde de la chasse, et j’ai nommé : Colorado Buck.

Entre une chasse aux canards dans les îles du lac Saint-Pierre et une expédition fructueuse de chasse à l’outarde du côté ontarien, M. Buck a eu l’amabilité de répondre à mes nombreuses questions. Ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de parler avec un vrai maniaque de chasse qui a parcouru le monde entier pour récolter pratiquement tous les animaux qui ont croisé son chemin. C’est dans cette perspective que j’ai cru bon de vous transmettre les réponses que j’ai eu le privilège d’écouter attentivement lors de mes sorties de chasse avec Colorado Buck. Voici donc en exclusivité l’interview que j’ai réalisée avec Colorado Buck.

Avant de commencer, j’aimerais remercier Colorado Buck d’avoir pris de son temps pour partager son expérience avec les lecteurs du blogue Chassomaniak.


Avec tous ces voyages de chasse autour du monde, quel a été le plus mémorable?

Hum, la question que tout le monde pose, tu sais chaque voyage de chasse est mémorable et chaque gibier capturé est un trophée, peu importe la grosseur. Tu sais ça fait plus de 30 ans que je parcours les plus beaux territoires de chasse et de pêche dans le monde et j’ai vraiment de la misère à en cibler qu’un, mais je crois qu’un des plus malades que j’ai faits, c’est en Russie, dans les montagnes, à la chasse au « Marco Polo Ram ».  Mais tu sais, la chasse à l’éléphant c’était complètement dément. Juste de voir la taille de cet animal qui te regarde et qui va foncer droit sur toi, ça te glace le sang et tu t’en rappelles toute ta vie.

Wow, tu as tué un éléphant, c’est tout un gibier! Mais les éléphants ne sont pas en voie de disparition? Avec tous les mouvements écologistes qui veulent sauver ci et ça, et tous les anti-chasseurs, tu dois avoir eu du trouble à présenter cette émission à la télévision?

Non, vois-tu, avant de tuer mon éléphant, il faut savoir qu’il y a une grosse préparation derrière ce film et je ne suis pas arrivé en Afrique, en payant 25 000 $, tiré sur l’éléphant et je suis reparti. Non, si j’avais fait ça de même les gens m’en auraient voulu et je les comprends. Avant de faire ma chasse, j’ai été sur le terrain et j’ai vu ce que font les éléphants dans certains coins de pays. Tout autour de moi c’était l’apocalypse, des superficies de la grandeur de plusieurs terrains de football complètement ravagées par les éléphants. Dans certains coins de pays, oui les éléphants sont menacés, mais dans d’autres, ce sont de véritable menace, ils détruisent tout sur leur passage et ils tuent un bon nombre d’êtres humains. C’est ça que j’ai voulu montrer avec mon abatage et je crois que ceux qui ont vu mon film l’ont bien compris.

Qu’est-ce que tu as fait avec l’éléphant une fois le film terminé? Disons que ça ne se bouge pas aussi facilement qu’un chevreuil.

Lorsqu’on chasse en Afrique, c’est un autre genre de chasse, nous cherchons un trophée. Toute la viande est gardée par les habitants locaux, qui sont bien contents d’en recevoir. Pour mon éléphant, c’est dur à croire, mais il ne restait qu’une empreinte de sang dans le sable une fois que nous sommes partis. Tout a été récupéré, il ne restait rien sur place, pas même l’intérieur de l’estomac, je crois qu’ils le récupèrent et le font sécher pour en faire un combustible. C’est fou, ils ne gaspillent rien de l’animal, tout est réutilisé par les locaux. L’animal n’est pas gaspillé, au contraire il donne de la nourriture à des gens, son cuire va servir et tout ce qui constitue son corps. Mais ceux qui ne voient que la mort de l’éléphant ne peuvent pas voir autre chose. Ils se bornent à des préjugés et ça c’est mauvais.

Maintenant que tu m’as parlé de ton plus beau voyage, quel est le pire?

Dans quel sens veux-tu savoir, est-ce le pire dans le genre le plus dangereux ou le plus difficile?

Oui, dans ce sens-là, quel est le plus dangereux de tes voyages?

Tous les voyages qui se passent dans les montagnes sont les plus dangereux. À tout moment, tu peux chuter et te faire vraiment mal. Tout ce qui t’entoure est dangereux, les roches sont coupantes, elles peuvent te tomber dessus ou te faire perdre pied et débouler. Tu dois être bien préparé pour faire ce genre de chasse, car escalader une montagne c’est très physique et tu dois être entraîné pour être capable de suivre les guides. Sinon, une des choses dangereuses c’est en Afrique, le « Big 5 » qu’ils appellent. Il s’agit d’une chasse aux 5 animaux les plus dangereux d’Afrique. Soit le lion, le crocodile, l’hippopotame, le léopard et l’éléphant. C’est dangereux de chasser ces animaux, car si tu manques ton coup, ils peuvent te foncer dessus et c’est le chasseur qui devient chassé et c’est une tout autre sorte de chasse, croyez-moi. Ça me fait penser lorsque j’ai tué mon éléphant, mon hippopotame ou mon crocodile, il faut que tu sois précis avec ton tir, car souvent tu n’as qu’une zone de tir de la grosseur d’un CD, et si tu manques ton coup, l’animal fonce instinctivement sur toi et c’est très dangereux.

Ouin, le Big 5 et la chasse en montagne ce sont les plus dangereuses, où il y a le plus de risque.

À quel endroit faut-il tirer pour que ce soit mortel?

Comme l’éléphant, le crocodile ou l’hippopotame, le ‘’sweet spot’’, c’est entre les deux yeux!  Il n’y a pas d’autres places.  Si tu essaies de tirer comme pour un chevreuil ou un orignal, c’est toi qui vas être chassé.  Il ne faut pas oublier que ces grosses bêtes tuent des gens en Afrique!  Ces animaux vont te foncer droit sur toi sans hésiter.  Entre les deux yeux, c’est une mort automatique et sans souffrance.  En plus des risques de vous faire charger, les chances que vous perdiez votre gibier sont très élevées.  Le crocodile et l’hippopotame vivent dans l’eau et s’ils sont blessés ou qu’ils ne meurent pas sur le champ, vous ne les retrouverez jamais.

Wow, c’est super, j’aimerais tellement faire le tour du monde moi aussi pour chasser toutes ces bêtes!  Depuis le temps que tu chasses, qu’est-ce que tu n’as pas encore chassé comme gibier?

Humm, très bonne question. Je crois que j’aimerais bien me chasser un ours polaire et un tigre du Bengale.  Pour l’ours polaire, je crois que je vais le réaliser dans les années futures, car c’est quelque chose de réalisable, pour le tigre du Bengale, c’est un peu plus difficile, car de plus en plus son environnement est menacé. Ils se rapprochent  des villages et des bidons villes pour chasser les hommes et c’est très difficile de les attraper. Ils peuvent vivre dans une petite lisière de bois isolé sans qu’on ne puisse suivre aucune de ses traces. C’est un animal magnifique, que j’aimerais naturaliser en entier assurément.

Sinon, c’est certain que j’aimerais refaire une chasse au « Marco Polo Ram », c’était à couper le souffle! Quelle chasse!

En terminant, c’est une question un peu plus ouverte sur le monde de la chasse et de la pêche. Comment vois-tu l’avenir pour le domaine de la chasse et de la pêche avec tous les gens qui mettent des choses gratuites sur le net, le phénomène Youtube et Facebook?

Je crois que c’est l’évolution, avec les ordinateurs tout est plus facile et plus accessible. C’est vrai que de plus en plus de gens filment leur chasse et mettent ça sur le Web et c’est bien correct. Je ne crois pas que l’industrie de la production de film de chasse et de pêche est en péril à cause de Facebook ou de Youtube. Nous avons des ententes de béton à long terme avec les compagnies de broadcaste et nous avons des standards très élevés de qualité. C’est ça qui change toute la game.  Est-ce que j’ai bien répondu à ta question?

Oui, mais je veux savoir qu’est-ce que tu penses du net et de l’absence de règle, des gens qui copies les autres et qui mettent tout gratuit. Penses-tu que ça peut nuire à l’industrie à long terme?

Je ne crois pas, parce que tout le monde doit suivre la tendance, même s’il y a des gens qui copient ce qu’on fait ou qui utilise ce qu’on fait et le mettent gratuit sur Internet, de toute manière nous sommes aussi sur le Net. Tous les pros du domaine utilisent Internet pour faire de la publicité et envoyer des « traillers » de nos prochains épisodes. Nous avons tous notre Facebook, canal Youtube, Twitter et, etc. Je sais qu’il y a des gens qui copient, mais c’est la réalité et on ne peut rien y faire, la seule chose qu’on peut faire c’est de produire de la qualité et je crois que les originaux vont toujours être gagnants. Voyons ce que l’avenir nous réserve!

Un gros merci Colorado Buck d’avoir répondu à mes questions et j’espère pouvoir participer à nouveau à un de tes prochains tournages, ce fut très enrichissant. Quelles sont tes prochaines aventures après ton passage au Québec?

Ça m’a fait plaisir Mat de te parler, continue de travailler fort dans votre projet de Chassomaniak.com et nous allons sûrement nous revoir si je repasse dans le coin. Merci à Armando de m’avoir fait découvrir une belle chasse à l’outarde et aux canards. Mes prochains voyages sont dans l’Utah et le Colorado pour rechercher de gros spécimens de Cerf mulet. Merci et bonne chasse à tous!


Merci beaucoup à Colorado Buck, ce fut très enrichissant. Pour ceux qui désirent plus d’information, vous pouvez consulter son site Internet au www.heycoloradobuck.com


Le choc des générations

Direction New York, l'état et non la ville. La raison de ce voyage : un film, ou plutôt une émission de télévision avec Armando, d'Armando's Outdoor Expedition pour visiter un pourvoyeur qu’il représente pour son agence de placement de voyages de chasse et de pêche. Au programme, chasse à l'outarde dans l'état de New York avec Colorado Buck qui est venu nous revisiter pour tourner une émission sur le sujet. Je me suis donc déguisé en caméraman pour l'occasion et j'ai suivi la troupe en gobant attentivement tous les petits trucs du métier que m'expliquait Larry Causey, le maître d'œuvre derrière toutes les aventures de Colorado Buck à travers le monde, qui avait fait le voyage lui aussi. Arrivé sur place, plus précisément au Westview Lodge & Marina situé sur le bord du lac Ontario a Brownsville, où le propriétaire de la pourvoirie Bill Saiff opère une pourvoirie de pêche en été et un service de guide à la sauvagine en automne.

Premier arrêt, direction salle à manger pour prendre un petit gueuleton question de souper tardivement. Ambiance très relaxe dans un endroit très chaleureux au style resto-bar, pub de marins mélange de chasse et de pêche à l'américaine, vous voyez! Je suis assis là devant un nacho très ordinaire, à boire une bière américaine fade à écouter les deux légendes qui se parlent du bon vieux temps. La table est silencieuse et on écoute Bill Saiff et Colorado Buck qui comptent à leur deux plus de 65 ans d'expérience dans le monde du show-business de la chasse et de la pêche américaine. Je suis là, à siroter une Coor's Light américaine, et petit à petit je me rends compte que ce qui n'était qu'une conversation de routine entre des clients et un pourvoyeur se transforme tranquillement en un tête-à-tête privilégié où deux légendes de la chasse font une sortie fulgurante et se vident le cœur sur la situation actuelle dans le monde de la chasse. Wow! Sérieusement, je n'en demandais pas autant et je suis convaincu que nos lecteurs voudraient entendre ce qui s'est dit ce soir-là. Voici donc, en exclusivité quelques bribes de cette magnifique conversation des experts de l'Antichambre de la chasse et de la pêche où les intervenants aguerris de 30 et 35 années passées à vivre du domaine ont pu échanger avec une recrue assoiffée de ce genre de conversations où ils ont parlé franchement en mettant leurs tripes sur la table et en oubliant tous les artifices auxquels les Américains nous ont habitués.

Toutes les conditions gagnantes étaient réunies pour que pendant l'action tu te rendes compte que tu vis une expérience unique. Petit resto-bar sombre avec décorations en bois, musique de country américain en trame sonore, nourriture ordinaire avec bière américaine peu alcoolisée. Une vieille table en bois usée avec des chaises style chalet où la décoration ressemble aussi à un chalet, avec des photos de pêche et des bêtes empaillées. Un peu plus loin une vieille table de billard tachée, un vieux flipper d'une autre époque et une serveuse américaine grassouillette et très sympathique. À ma droite, Bill Saiff qui vient d'arriver et qui commande une sorte de « Stew crevette poulet » et qui commence la conversation avec Colorado Buck comme n'importe quel pourvoyeur qui rencontre un client. Nous sommes assis, témoins privilégiés d'une conversation intime avec deux légendes qui vont se vider le cœur sur le sujet.

Et c'est parti, comme toutes les conversations entre deux vieux. "Te rappelles-tu de ce bon vieux John Spartan, je ne sais pas où il est rendu? Tu te rappelles de ce qu'il avait fait à Cleveland? Ah oui ce foutu John, C'était un foutu bon Jack. Oui, tu as bien raison. C'était le bon vieux temps! Oui ça c'est bien vrai, maintenant les choses ont bien changé. Prends juste en exemple..." Et la table est mise:

Bill Saiff: Je trouve qu'aujourd'hui les choses vont trop vite. Tout le show-business des vidéos de chasse et de pêche est orienté vers l'argent. Ce n'est qu'une question de faire de l’argent. Toute la technique est oubliée. C'est très loin de la réalité. Tu sais moi je guide depuis plus de 35 ans, et la raison pour laquelle je suis encore dans le domaine est que je maîtrise la technique. Je connais mon territoire, je connais les gibiers et les poissons et je sais comment, quand et où utiliser les techniques appropriées. Ce n'est même pas une question de tout ce qu’ils essaient de nous vendre. Tout est une question de base.

Colorado Buck: Tu as raison les choses vont tellement vite, ce n'est vraiment plus ce que c'était. Les gens n'ont même pas idée comment on a du trimer dure pour devenir ce qu'on est aujourd'hui. C'est incroyable, on en parlait justement hier en revenant de la chasse. Ce n'est vraiment plus ce que c'était.

Bill Saiff: Ça fait 35 ans que je gagne ma vie avec mon service de guide et je n'ai pas commencé comme je suis là présentement. J'ai commencé tranquillement j'ai bâti mon entreprise en travaillant dur chaque saison. Prends par exemple toutes les conneries que les compagnies essaient de nous faire croire, que ce soit ça qui va te faire tuer un gros Buck ou prendre plus de poisson. C'est incroyable que les gens gobent ça sans dire un mot. Tous les habits de chasse, tout le camo, le produit contre les odeurs, les "treestands" et, etc., c'est une vraie blague. Tu sais comment j'ai tué mon dernier chevreuil à la fin septembre? Eh bien, j'ai trouvé un sentier où j'ai regardé dans quelle direction allaient les pistes et je me suis assis sur le bord d'un arbre comme on fait pour la chasse à la dinde sauvage. Le chevreuil est venu et je l'ai tiré. Un beau 8 pointes, sans habit de chasse de telle marque, pas de cache odeur ni de "treestand". Juste mes connaissances du gibier, le sens du vent et des techniques de chasse appropriées et voilà, c'est ça la chasse!

Colorado Buck: Si tu savais combien de bêtes j'ai tuées juste avec ma bonne vieille paire de jeans et ma chemise à carreaux. Haha, le camo?!!

Bill Saiff: C'est vrai, ce n'est pas l'enveloppe qu'il faut regarder, c'est les connaissances. Ça fait tellement longtemps que je filme mes chasses, que je fais des vidéos. Tu sais le monde actuel ne mène nulle part. Le marché est malade, tout ce qui compte c'est un gros panache, un gros Buck, un quota plein. Ce n'est pas la réalité, ce n'est pas toujours comme ça et ce n'est pas juste ça.

Colorado Buck: C'est vrai, je ne suis même plus capable de regarder la télé, parfois je trouve ce domaine dégoûtant. Les gens ne se rappellent plus des bâtisseurs, des gens qui ont forgé la route dans un monde inconnu. Tu sais, ceux qui ont ouvert la voie. Maintenant ce n'est plus une question de connaissance et d'être un vrai chasseur, c'est juste une question d’argent. Un parfait inconnu ne se pointe avec aucune connaissance sur la chasse, papa sort l’argent et voilà que le gars a son propre show télé. En six mois un parfait inconnu, arrive et nous parle de tels produits, qui selon lui est très bon et voilà, les gens vont l'acheter. Quelques mois plus tard, le jeune se vire de bord, papa sort encore l’argent pour un autre show de télé et le jeune est maintenant rendu pour une autre compagnie et il dit carrément le contraire. Il n'y a plus aucune fidélité envers ceux qui t'ont mis au monde. C'est vraiment de la merde! Le monde nous regarde et pense que c'est toujours facile, que l'argent tombe des arbres et qu'on va aller dans le bois et appuyer sur la détente. Ce n’est pas ça du tout. Tu sais, il n'y a plus de passion, c'est juste de l’argent. Tu sais comment j'ai commencé? Très jeune j'ai toujours chassé et pêché, j'aimais tellement ça que je voulais en faire un métier. J'ai donc commencé à travailler pour un taxidermiste et je gagnais « des peanuts ». Mais je travaillais fort parce que j'aimais vraiment ça. Je faisais des heures supplémentaires pour en apprendre toujours plus, c'était ça la paye. Puis j'ai ramassé mon argent pour acheter un chien et j'ai commencé à guider et de fil en aiguille j'ai grossi et je me suis acheté d'autres chiens et engagé des guides pour travailler avec moi. C'est ça la vie! Il y a des matins où je me demande pourquoi je fais ce métier lorsque j'entends des histoires de certaines personnes comme celle d'un gars qui fait tuer un lion à sa fille de 10 ans. Elle a seulement 10 ans et elle tue un lion, vous imaginez c'est quoi la réalité pour elle? La plupart des gens vont rêver toute leur vie de tuer des bêtes de ce genre sans jamais le réaliser et elle à 10 ans elle le fait? Ce n'est pas loyal envers sa petite fille, ce n'est pas ça la vraie vie. Qu'est-ce qu'elle va vouloir tuer à 20 ans, un homme? Elle va chercher à faire quelque chose de plus malade elle va tomber dans le crack et l'héroïne? C'est complètement débile.

Bill Saiff: C'est fou! Où est-ce qu'on s'en va? Pauvre petite, elle va surement finir dans la drogue et se prostituer!

Mathieu Pouliot: Mais je vous écoute parler du bon vieux temps les gars, de l'évolution des choses et tout ça. Qu'est-ce qu'on fait alors? C'est difficile, les gens veulent des « kill shots » et des scènes où les panaches sont de plus en plus gros. Qu'est-ce qu'on doit faire, ça prend de l'action!

Colorado Buck: C'est vrai, c'est difficile, il faut toujours se dépasser, plus on en montre plus ils en veulent. Je ne sais pas quoi te dire. On parcourt le monde entier à la recherche de bêtes plus hallucinantes de fois en fois et on dirait que les gens s'en lassent. Il y a des expéditions de chasse où j'ai presque laissé ma vie et la réaction qu'on a c'est:" Ah! Le panache n'était pas si gros!"

Bill Saiff: Je crois qu'il faut revenir à la base, montrer les techniques, éduquer l'auditoire. Montrer aux gens à connaître le gibier, comment dialoguer avec eux, comme je fais avec les oiseaux quand je « call ». Moi c'est ça que j'essaie de faire avec la caméra. Je n'essaie pas de faire des séquences avec des acteurs qui jouent et qui trichent devant la caméra. Je n’essaie pas non plus de faire bouger la caméra dans tous les sens pour faire croire que ça fait plus réaliste. Je montre les choses comme elles le sont. Pas de tricherie ou de semblant. Je montre ce qu'il en est vraiment. Je crois que c'est comme ça qu'on va retourner à la source.

Colorado Buck: Moi tu sais ce que je pense, c'est de faire un retour à la source. Raconter des histoires des pionniers qui sont des légendes. Montrer c'était quoi la vraie vie. Raconter des histoires des gens fabuleux qui ne sont pas croyables. Comme ce gars qui était un pilote de brousse en Alaska, ou un autre qui a je ne sais pas combien de Grizzlys de tués. Ça, c'était des vrais, pas comme les fils à papa qui ont eu un show de télé pendant six mois et maintenant ils n’existent même plus. Je parle des gens de qui on raconte encore les exploits, des gens qui ont travaillé leur vie entière dans ce domaine, des gens qui ont des connaissances extraordinaires. Tu sais le genre de monde qui à l'expression de leur visage, même leurs rides nous démontrent qu’ils connaissent très bien ça. "Des Légendes", ça serait un vrai bon titre pour l'émission.

Mathieu Pouliot: C'est très beau tout ça, mais que vont dire tes commanditaires? Parce que la télé, il ne faut pas oublier, ce n'est qu'une question d'argent, surtout les chaînes spécialisées.

Colorado Buck: C'est vrai, je sais. Mais il y en a qui vont embarquer je suis convaincu. Je crois qu'il faut aller chercher des commanditaires de compagnies qui offrent des produits un peu moins spécialisés comme des marques de camions ou des choses dont tout le monde se sert.

Mathieu Pouliot: Mais le problème est là, les compagnies qui s'adressent au grand public, pas nécessairement aux chasseurs, ne vont pas dire oui automatiquement. S’ils s’adressent à tout le monde, raison de plus de continuer à ne pas publier juste aux chasseurs. Ils vont rester dans des shows de télé plus généralistes à des chaînes généralistes.

Colorado Buck: C'est vrai, mais pas tous, il faut trouver les bons et leur montrer une autre vision des choses. C'est pour ça que je travaille fort sur ce projet.

Mathieu Pouliot: Je vous écoute parler depuis le début et je me demande comment moi je vais réussir dans le domaine. Vous savez, j'ai la même passion que vous pour le domaine et j'essaie d'apprendre de tout le monde que je rencontre. Mais la réalité c'est que ce n'est qu'une question d'argent. Comment je fais pour en vivre?

Colorado Buck: Il faut juste que tu continues. C'est ça le secret, c'est simple, à la fin il va rester ceux qui n'auront pas lâché. Il faut d'abord que tu travailles dans ce domaine pour la passion du sport et non pour l'argent et la gloire que cela peut t'apporter. Apprends des gens que tu rencontres, c'est l’expérience et les connaissances qui vont ne te faire évoluer rien d'autre. Si tu savais comment j'ai été pauvre à une certaine époque, mais je n'ai pas lâché, j'ai travaillé fort pour me rendre où je suis maintenant, tu n'as pas idée. Toutes ces heures supplémentaires avec les taxidermistes, juste pour en apprendre davantage, pour devenir meilleur. C’est comme ça qu'on grandit dans le domaine! Rappelle-toi qu'à la fin il va rester ceux qui n'auront pas lâché!

Bill Saiff: Bon les amis, je ne veux pas être plate, on pourrait continuer la conversation toute la nuit, mais demain on se lève à 3h30 AM pour la chasse à l'outarde, donc moi je vous laisse, je vais me coucher. Vous êtes corrects pour les chambres. Allez, bonne nuit!

À suivre...